Islam et Musulmans

Le djihad en Islam

Le djihad en Islam :

Le mot arabe « جهاد » (djihad) se rattache à la racine « جُهْد » qui comprend l’idée d’énergie et d’effort.

En arabe « جاهَدَ جهاداً » (jâhada jihâdan) désigne l’utilisation maximum de ses forces, de son énergie et de son endurance dans la bataille contre l’ennemi.

C’est pourquoi on le traduit aisément par « harp », la guerre, qui consiste en la lutte armée entre deux factions ou plus.

Mais en fait, le terme arabe (جهاد) djihad ne se rattache pas nécessairement à sa forme belliqueuse, c’est-à-dire le conflit armé.

On remarque que les versets coraniques qui emploient cette racine (jahd) le prouvent suffisamment : tantôt ce terme désigne la lutte armée pour repousser les ennemis, tantôt il désigne la prédication pure et simple.

Donc, le terme “djihâd” comprend toutes les choses que le musulman accompli dans le sentier de Dieu, car l’hégire dans le sentier de Dieu est un djihâd, l’éducation des enfants est un djihâd, prendre soin des parents est un djihâd, le travail légitime pour gagner sa vie est un djihâd, apprendre le Coran est un djihâd, apprendre les autres sciences afin de servir l’humanité est un djihâd, la lutte contre les agresseurs est un djihâd… etc

Voici quelques versets Coraniques qui parlent du terme « djihâd » :

« Certes, ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier de Dieu, ceux-là espèrent la miséricorde de Dieu. Et Dieu est Pardonneur et Miséricordieux. » Albaqara (2:218)

« Comptez-vous entrer au Paradis sans que Dieu ne distingue parmi vous ceux qui luttent et qui sont endurants ? » Al Imran (3:142)

« Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent chez eux – sauf ceux qui ont quelques infirmité – et ceux qui luttent corps et biens dans le sentier de Dieu. Dieu donne à ceux qui luttent corps et biens un grade d’excellence sur ceux qui restent chez eux. Et à chacun Dieu a promis la meilleure récompense ; et Dieu a mis les combattants au-dessus des non combattants en leur accordant une rétribution immense. » Al-Nisa’ (4:95)

« Ô les croyants ! Craignez Dieu, cherchez le moyen de vous rapprocher de Lui et luttez pour Sa cause. Peut-être serez-vous de ceux qui réussissent ! » Al-Maida (5:35)

« Ô les croyants ! Quiconque parmi vous apostasie de sa religion, Dieu va faire venir un peuple qu’Il aime et qui L’aime, modeste envers les croyants et fier et puissant envers les mécréants, qui lutte dans le sentier de Dieu, ne craignant le blâme d’aucun blâmeur. Telle est la grâce de Dieu. Il la donne à qui Il veut. Dieu est Immense et Omniscient. » Al-Maida (5:54)

« Ceux qui ont cru, émigré et lutté de leurs biens et de leurs personnes dans le sentier de Dieu, ainsi que ceux qui leur ont donné refuge et secours, ceux-là sont alliés les uns des autres. Quant à ceux qui ont cru et n’ont pas émigré, vous ne serez pas liés à eux, jusqu’à ce qu’ils émigrent. Et s’ils vous demandent secours au nom de la religion, à vous alors de leur porter secours, mais pas contre un peuple auquel vous êtes liés par un pacte. Et Dieu observe bien ce que vous œuvrez. » Al-Anfal (8:72)

« Et ceux qui ont cru, émigré et lutté dans le sentier de Dieu, ainsi que ceux qui leur ont donné refuge et porté secours, ceux-là sont les vrais croyants : à eux, le pardon et une récompense généreuse. Et ceux qui après cela ont cru et émigré et lutté en votre compagnie, ceux-là sont des vôtres. Cependant ceux qui sont liés par la parenté ont priorité les uns envers les autres, d’après le Livre de Dieu. Certes, Dieu est Omniscient. » Al-Anfal (8:74-75)

« Pensez-vous que vous serez délaissés, cependant que Dieu n’a pas encore distingué ceux d’entre vous qui ont lutté et qui n’ont pas cherché des alliés en dehors de Dieu, de Son messager et des croyants ? Et Dieu est parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » At-Tawba (9:16)

« Ferez-vous de la charge de donner à boire aux pèlerins et d’entretenir la Mosquée sacrée (des devoirs) comparables [au mérite] de celui qui croit en Dieu et au Jour dernier et lutte dans le sentier de Dieu ? Ils ne sont pas égaux auprès de Dieu et Dieu ne guide pas les gens injustes. Ceux qui ont cru, qui ont émigré et qui ont lutté par leurs biens et leurs personnes dans le sentier de Dieu, ont les plus hauts rangs auprès de Dieu… et ce sont eux les victorieux. » At-Tawba (9:19-20)

« Légers ou lourds, lancez-vous au combat, et luttez avec vos biens et vos personnes dans le sentier de Dieu. Cela est meilleur pour vous, si vous saviez. » At-Tawba (9:41)

« Ceux qui croient en Dieu et au Jour dernier ne te demandent pas permission quand il s’agit de mener combat avec leurs biens et leurs personnes. Et Dieu connaît bien les pieux. » At-Tawba (9:44)

« Ô Prophète, lutte contre les mécréants et les hypocrites, et sois rude avec eux ; l’Enfer sera leur refuge, et quelle mauvaise destination ! » At-Tawba (9:73)

« Ceux qui ont été laissés à l’arrière se sont réjouis de pouvoir rester chez eux à l’arrière du Messager de Dieu, ils ont répugné à lutter par leurs biens et leurs personnes dans le sentier de Dieu, et ont dit : “Ne partez pas au combat pendant cette chaleur !” Dis : “Le feu de l’Enfer est plus intense en chaleur.” – S’ils comprenaient ! » At-Tawba (9:81)

« Et lorsqu’une sourate est révélée : “Croyez en Dieu et luttez en compagnie de Son messager”, les gens qui ont tous les moyens (de combattre) parmi eux te demandent de les dispenser (du combat), et disent : “Laisse-nous avec ceux qui restent”. » At-Tawba (9:86)

« Mais le Messager et ceux qui ont cru avec lui ont lutté avec leurs biens et leurs personnes. Ceux-là auront les bonnes choses et ce sont eux qui réussiront. » At-Tawba (9:88)

« Quant à ceux qui ont émigré après avoir subi des épreuves, puis ont lutté et ont enduré, ton Seigneur après cela, est certes Pardonneur et Miséricordieux. » An-Nahl (16:110)

« Et luttez pour Dieu avec tout l’effort qu’Il mérite. C’est Lui qui vous a élus ; et Il ne vous a imposé aucune gêne dans la religion, celle de votre père Abraham, lequel vous a déjà nommés “Musulmans” avant (ce Livre) et dans ce (Livre), afin que le Messager soit témoin contre vous, et que vous soyez vous-mêmes témoins contre les gens. Accomplissez donc la Salat, acquittez la Zakat et attachez-vous fortement à Dieu. C’est Lui votre Maître. Et quel Excellent Maître ! Et quel Excellent soutien ! » Al-Hajj (22:78)

« N’obéis donc pas aux infidèles ; et avec ceci (le Coran), lutte contre eux vigoureusement. » Al-Furqane (25:52)

« Et quiconque lutte, ne lutte que pour lui-même, car Dieu peut se passer de tout l’univers. » Al-Anqabout (29:6)

« Et Nous avons enjoint à l’homme de bien traiter ses père et mère, et “si ceux-ci te forcent à M’associer, ce dont tu n’as aucun savoir, alors ne leur obéis pas”. Vers Moi est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez. » Al-Anqabout (29:8)

« Et quant à ceux qui luttent pour Notre cause, Nous les guiderons certes sur Nos sentiers, Dieu est en vérité avec les bienfaisants. » Al-Anqabout (29:69)

« Et si tous deux te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas ; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi, ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez. » Luqman (31:15)

« Nous vous éprouverons certes afin de distinguer ceux d’entre vous qui luttent [pour la cause de Dieu] et qui endurent, et afin d’éprouver [faire apparaître] vos nouvelles. » Muhammad (47:31)

« Les vrais croyants sont seulement ceux qui croient en Dieu et en Son messager, qui par la suite ne doutent point et qui luttent avec leurs biens et leurs personnes dans le chemin de Dieu. Ceux-là sont les véridiques. » Al-Hujurat (49:15)

« Vous croyez en Dieu et en Son messager et vous combattez avec vos biens et vos personnes dans le chemin de Dieu, et cela vous est bien meilleur, si vous saviez ! » As-Saff (61:11)

« Ô Prophète ! Mène la lutte contre les mécréants et hypocrites et sois rude à leur égard. Leur refuge sera l’Enfer, et quelle mauvaise destination ! » At-Tahrim (66:9)

Nous remarquons que les versets ne parlent pas seulement d’Al-Qitâl (le combat au sens propre). Donc, ce terme (Djihâd) ne saurait-être réduit à la seule signification du combat guerrier.

On peut dire que le Djihâd couvre toute activité, qu’elle soit militaire, civile ou morale, qui implique une tâche et une concentration physique ou intellectuelle, ou les deux à la fois.

Certains traducteurs occidentaux emploient le terme « guerre sainte » pour traduire le terme arabe « Djihâd », ce qui est fondamentalement faux comme nous venons de le voir. Le terme arabe pour guerre est « harb » ou « qitâl », ansi l’expression « guerre sainte » se traduit en arabe par « al-harb al-muqqadassa ».

Et cette expression n’existe nulle part, ni dans le Coran, ni dans la tradition islamique. Elle est apparue pour la première fois lors des Croisades et a été employée par ces derniers. Cette expression, au sous-entendu négatif, ne saurait être employée pour parler du Djihâd en Islam. Ce glissement de sens a été opéré par les faussaires de l’Histoire.

Le Djihâd, en tant que combat armé, n’est pas au centre de la doctrine islamique. La guerre, proprement dite, est traduite comme nous l’avons vu par harp ou qitâl. Elle n’est, en fait, qu’un acte secondaire du véritable Djihâd que le Musulman doit mener continuellement et sans répit jusqu’à la mort; c’est la lutte contre les passions mauvaises, pour la discipline morale et la victoire sur soi-même.

Le Djihâd est aussi un effort raisonné exercé sur soi-même.

La plupart pense que le Djihad, qui fait parti des préceptes et des lois de l’Islam, n’a été prescrit qu’après l’Exode du Prophète vers Médine et qu’avant cette date, le djihad n’existe pas.

La prédominance d’une telle croyance tient au fait que la plupart des gens ne retiennent du terme djihad que sa portée belliqueuse sans doute parce que la lutte contre les polythéistes n’a été prescrite qu’après l’installation du Prophète à Médine.

Une telle conception du djihad a eu pour conséquence d’en exclure bon nombre de ses formes et indubitablement les plus importantes, parce qu’elles prévalaient dès les débuts de la prédication islamique à la Mecque, constituant ainsi l’essence même du djihad et donnant naissance à d’autres formes dictées par les circonstances.

S’opposer aux polythéistes en les appelant à suivre la vérité et en réfutant leur culte des ancêtres et des traditions, a été la forme principale du djihad prescrite par le Prophète dès l’aube de l’Islam et ensuite par ses Compagnons. Un tel djihad consistait également à crier haut et fort la vérité comme ce fut le cas pour le Prophète et ses Compagnons et ce quels que soient les peines et les dommages encourrus.

L’une des plus importantes de ses formes a été de continuer à faire connaître le livre de Dieu et à faire prévaloir ses préceptes et ses prescriptions sans tenir compte des risques que cela comporterait.

Peut-on nier un tel djihad alors que Dieu lui-même l’a appelé expressément de ce nom en s’adressant à son Envoyé Muhammad, alors encore installé à la Mecque : « Ne cède pas aux dénégateurs. Par ceci combats-les d’un grand combat. » Al-Furqane (25:52). C’est-à-dire combat-les par les arguments du Coran et ceci constitue un grand combat.

Cette vérité se confirme davantage dans les hadiths du Prophète, tels que : « Le meilleur djihad est une parole juste dite devant un souverain injuste » et « Le meilleur djihad réside dans ton effort en Dieu contre toi-même et contre tes caprices ».

En y réfléchissant bien, on constate que cette forme mecquoise du djihad a été la source de toutes les autres formes, tel qu’un tronc d’arbre robuste résiste à toutes les intempéries et dont sortent des branches changeant au bon gré du vent et des saisons. Disons plutôt que le djihad mecquois peut être assimilé à la nourriture indispensable à l’homme, quelques soient les circonstances, alors que la forme belliqueuse du djihad, décrétée pour faire face à une conjoncture fortuite, ressemble à un médicament prescrit pour apaiser certaines douleurs.

Parmi les polémistes les plus acharnés contre l’Islam, certains soutiennent que l’Islam ne peut pas être une religion d’amour parce qu’elle autorise le combat. Or, de telles personnes sont totalement déconnectées de la réalité. Il suffit de regarder l’Histoire pour se rendre compte que la guerre a toujours fait parti du lot de l’être humain.

Au contraire, une religion qui ne dispose d’aucune loi régissant la guerre ne peut être une religion d’amour pour la simple et bonne raison qu’en situation de conflit, ses adeptes risquent de s’adonner à l’excès.

L’Histoire du christianisme est un bel exemple illustrant ce cas. En effet, ne disposant d’aucune loi régissant la guerre, le christianisme s’est rendu coupable des Croisades, de la Colonisation, de l’Esclavage, de l’Inquisition, de génocides contre les Indiens d’Amérique et les Aborigènes d’Australie, de l’Apartheid en Afrique du Sud, etc. Une religion d’amour, comme le soutiennent les polémistes chrétiens, donnerait-elle autant de fruits pourris? !

Dieu n’aime pas la guerre comme il est clairement écrit :

« Toutes les fois qu’ils allument un feu pour la guerre, Dieu l’éteint. Et ils s’efforcent de semer le désordre sur la terre, alors que Dieu n’aime pas les semeurs de désordre. » Al-Maida (5:64)

Le mot « Islam » vient de la même racine que le mot arabe pour la « paix » et le Coran réprouve la guerre comme un évènement amoral contraire à la volonté de Dieu.

L’Islam ne justifie pas la guerre d’agression ou d’extermination, il soutient seulement que la guerre est inévitable et parfois une obligation positive pour mettre fin aux oppressions et à la souffrance. Le Coran enseigne que la guerre doit être limitée et conduite de la façon la plus humaine possible.

En effet, ce fut à Médine, à l’époque jeune capitale de l’Islam, que l’autorisation de combattre fut révélée, après que l’ennemi eut encerclé les musulmans et que ces derniers fussent contraints de prendre les armes pour se défendre et protéger la prédication islamique.

C’est durant la seconde année de l’Hégire que Dieu prescrit la lutte armée et la déclara obligatoire : « Il vous est prescrit de combattre ; et pourtant vous y répugnez. Aussi bien se peut-il que vous répugniez à une chose, et qu’elle soit pour votre bien ; il se peut que vous en chérissiez une autre, et qu’elle soit pour votre mal. – Dieu sait, vous ne savez pas. » Albaqara (2:216)

Dieu dit :

« L’autorisation de combattre est donnée à ceux qui ont été injustement traités – certes, Dieu a puissance pour les secourir, à ceux qui ont été chassés de leur maisons, sans justification, seulement pour avoir dit : “Notre Seigneur est Dieu !” Si Dieu ne repoussait pas certains hommes en leur opposant d’autres hommes, des monastères seraient détruits, ainsi que des synagogues, des oratoires et des mosquées où le Nom de Dieu est beaucoup invoqué. Oui, Dieu assiste ceux qui l’assistent. Dieu est, en vérité, Fort et Puissant.

[Il assiste] Ceux qui, si Nous leur donnons le pouvoir sur terre, s’acquittent de la prière, font l’aumône, ordonnent ce qui est convenable et interdisent ce qui est blâmable. La fin de toute chose appartient à Dieu. » Alhaj (22:39-41)

On comprend alors que l’autorisation de lutter est motivée par trois clauses : 1. L’injustice que représente l’agression dont les musulmans sont victimes et leur expropriation à contre droit, et ce seulement pour avoir dit : « Notre Seigneur est Dieu ». 2. La permission que Dieu a donnée aux hommes de se défendre, sans quoi la totalité des sanctuaires où l’on rappelle le nom de Dieu serait détruite en raison de l’iniquité des mécréants, lesquels ne croient pas en Dieu et au Jour dernier. 3. Le secours que Dieu nous apporte, la capacité qu’Il nous donne sur la Terre et le pouvoir qu’Il nous octroie n’a d’autre but que l’accomplissement de la prière, l’acquittement de l’aumône légale, la prescription du convenable et la proscription du blâmable.

En effet, Si la paix est la règle et la guerre l’exception, alors on dira que la guerre n’est légitime au regard de l’Islam que dans deux cas : 1. Dans le cas où les musulmans doivent défendre leur personne, leur honneur, leurs biens ou leur nation. Dieu dit : « Combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent, sans pour autant commettre d’agression : Dieu déteste les agresseurs. » Albaqara (2:190).

Abû Dâwûd, at-Tirmidhî et an-Nasâ’î rapportèrent d’après Sa’îd Ibn Zayd, que le Prophète a dit : « Qui est tué pour son bien, est mort en martyr; qui est tué pour sa personne, est mort en martyr; qui est tué pour sa religion, est mort en martyr; qui est mort pour sa famille, est mort en martyr. »

Dieu dit : « Il ferait beau voir que nous ne combattions pas sur le chemin de Dieu, après avoir été exilés de nos demeures et de nos fils ! » Albaqara (2:246)

2. Dans le cas où les musulmans doivent défendre la prédication islamique contre ceux qui veulent l’étouffer, soit en malmenant ceux qui y adhèrent, soit en empêchant ceux qui désirent se convertir de pouvoir le faire, ou en interdisant aux prédicateurs musulmans de transmettre le message divin.

Témoignent de cela les preuves suivantes : Dieu dit : « Combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent, mais ne commettez pas d’agression : Dieu déteste les agresseurs. Tuez-les où vous les aurez accrochés. Evincez-les d’où ils vous ont évincés. Car le trouble est plus grave que le meurtre. Mais ne les combattez pas auprès du Sanctuaire consacré, à moins qu’ils ne vous le disputent par un combat. S’ils le faisaient, alors combattez-les pareillement. – Telle soit la récompense des mécréants. Cependant, s’ils en finissaient, alors Dieu est Tout pardon, Miséricordieux. Ainsi combattez-les jusqu’à ce que qu’il n’y ait plus de trouble, et que la religion soit rendue à Dieu. Cependant s’ils en finissaient, alors plus d’offensive, sinon contre des iniques. » Albaqara (2:290-293)

Ces versets comprennent les points suivants :

A. L’ordre de combattre ceux qui font une preuve manifeste d’agression, afin qu’ils cessent. En effet, combattre pour défendre sa personne est légitime au regard de toutes les lois et toutes les doctrines. Ceci ressort clairement de cette parole divine : « Combattez sur le chemin de Dieu ceux qui vous combattent. »

L’interdiction de combattre ceux qui ne font pas preuve d’agression, car Dieu interdit l’agression, la démesure et l’injustice : « Ne commettez pas d’agression, Dieu déteste les agresseurs. »

Si l’interdiction de commettre l’agression est motivée par le fait que Dieu n’aime pas les agresseurs, ceci prouve que cette interdiction est péremptoire (muhkam) et non susceptible d’abrogation, car commettre une agression est une injustice et Dieu déteste les injustes.

B. Le but de cette guerre légitime est d’empêcher que les croyants et les croyantes subissent le trouble, qu’on leur cause préjudice, et de les laisser libres de pratiquer leur religion. Dieu dit : « Qu’avez-vous à vous abstenir de combattre sur le chemin de Dieu, quand il est tant d’opprimés d’entre les hommes et les femmes et les enfants à dire : “Notre Seigneur, fais-nous sortir de cette ville aux habitants iniques. Commets-nous de Ton sein un protecteur. Commets-nous de Ton sein un secourant ! » Al-Nisa’ (4:75).

Ce verset comprend deux motifs pour combattre :

Combattre pour la cause de Dieu, but que se fixe la religion afin de faire triompher la paix et que la religion soit rendue à Dieu.

Combattre pour la cause des opprimés : à l’image de ces convertis de La Mecque qui n’avaient pas pu rejoindre le Prophète à Médine, et qui, malmenés par les Qurayshites, demandaient du secours. Car ces opprimés ne sauraient faire l’économie d’une protection contre le mal des injustes, ni d’une protection qui leur permette de professer la doctrine qu’ils veulent (nous pouvons penser notamment au cas des musulmans Rohingyas de Birmanie, persécutés par l’armée et dépourvus de tout soutient).

Dieu dit : « S’ils se tiennent à l’écart de vous, sans vous combattre, et vous lancent la paix, Dieu ne vous laisse plus contre eux de chemin. » Al-Nisa’ (4:90)

Ainsi, ceux qui n’ont pas combattu leur peuple, n’ont pas combattu les musulmans et se sont tenus à l’écart des belligérants par réel désir de paix, ceux-là, Dieu ne confère aux musulmans aucun droit de les combattre. Dieu dit : « S’ils penchent pour la paix, penches-y toi-même, sans cesser de faire confiance à Dieu, qui est l’Entendant, le Connaissant. S’ils veulent te duper, alors Dieu te suffit. » Al-Anfal (8:61-62). Dans ce verset, on trouve l’injonction de pencher pour la paix quand l’ennemi la désire, même s’ils ne font cela que par ruse.

Donc, la cause du Djihâd armé consiste à repousser la combativité et non à mettre un terme à la dénégation.

Ces arguments se basent sur les nombreux versets coraniques qui enjoignent le combat uniquement contre ceux qui agressent les musulmans et non contre ceux qui les attaquent sans motifs religieux (cf. Coran (2:190)(9:13) (9:36) (60:8- 9) ainsi que des nombreux hadiths du Prophète, qui enjoignent de ne tuer ni femmes, ni enfants, ni vieillards.

La relation liant les versets est très importante pour comprendre correctement le Coran.

Si cette relation est négligée, le verset 5 de la sourate Al-Tawbah (par exemple) sort de son contexte. En effet, si le lecteur s’attache au sens littéral de ce seul verset en oubliant ceux qui le précèdent et ceux qui le suivent, la compréhension en sera érronnée.

Car les versets qui suivent ordonnent aux croyants d’assurer la sauvegarde aux associateurs (qui associent à Dieu) qui le demandent. De cela découle que le passage se comprend en un sens contraire à cette opinion. Ce sens contraire se répète trois fois :

Lorsque Dieu nous ordonne d’accorder la sauvegarde aux associateurs qui le souhaitent dans l’espoir de leur faire entendre la Parole divine, ensuite en assurant leur protection jusqu’à leur lieu de retour sans contrepartie. Si la dénégation était la source du combat contre les associateurs, serait-ce justifiable de leur accorder une telle protection ? Il ressort clairement du verset que c’est l’absence de combativité de leur part qui justifie cette protection et que le combat n’est ordonné que contre ceux qui commettent des excès à l’égard des musulmans.

Comme le dit le reste du verset n°7 « À l’exception de ceux avec lesquels vous avez conclu un pacte près de la Mosquée sacrée. Tant qu’ils sont droits envers vous, soyez droits envers eux. Car Dieu aime les pieux ».

Si la dénégation, en tant que telle, était un motif de combat, qu’est-ce qui justifie un traité avec ceux que Dieu nous ordonne de combattre ?

Dans l’annonce de la cause pour laquelle le Message Divin dénonce le fait que les associateurs se prévalent d’un pacte auprès de Dieu et de Son Envoyé. Le verset n°8 stipule effectivement: « Comment donc ! Quand ils triomphent de vous, ils ne respectent à votre égard, ni parenté ni pacte conclu. Ils vous satisfont de leurs bouches, tandis que leurs cœurs se refusent ; et la plupart d’entre eux sont des pervers. » (9:8).

Si la dénonciation d’un tel pacte entre les musulmans et les polythéistes avait pour motif la dénégation, peu importerait alors que ces derniers respectent ou non leur pacte car la dénégation serait donc la cause du combat et de la rupture du pacte !

Il n’est donc pas juste de postuler l’abrogation de ces 3 versets par celui qui les précède!

On peut donc dire que l’objectif du combat prescrit par Dieu est la soumission au régime de capitation.

Une fois cette soumission acquise, la non conversion à l’Islam ne constitue pas un délit. Il est faux dans ce cas de conclure que la dénégation est le motif du combat si la conversion n’est pas exigée ensuite.

Dans son contexte historique, ce verset fut révélé alors que les Gens du Livre et plus particulièrement les tribus juives, étaient dans une situation qui leur permettait d’agresser les musulmans. On remarque que ce verset ordonne de combattre et non de tuer.

Selon la langue arabe, les verbes qtala (tuer) et qâtala (combattre) présentent une nuance qui ne doit pas échapper à un arabophone averti.

La forme qâtala implique la réciprocité et ne peut être utilisée que si l’on veut exprimer une action de résistance contre celui qui manifeste le premier une attention belliqueuse ou en prend l’initiative. Quant à celui qui manifeste en premier une intention de meurtre, il ne peut être qualifié de combattant mais de meurtrier. Si quelqu’un dit par exemple : « je combattrai tel gens pour mes biens ou mon honneur » on ne peut comprendre qu’une intention de sa part de faire face à ses agresseurs. Sa résistance fait donc suite à leur agression.

Quelles sont les règles à respecter en matière de guerre ?

L’Islam tolère la guerre comme un mal nécessaire mais lui fixe toutefois des limites précises. Ainsi n’est-il permis de tuer que les ennemis qui participent au combat; quant à ceux qui n’y prennent pas part, il n’est nullement permis de s’en prendre à eux. De même, l’Islam interdit de tuer les femmes, les enfants, les malades, les vieillards, les moines et les salariés employés comme serviteurs. Il interdit aussi de mutiler les corps des ennemis, de tuer les animaux, d’altérer les champs, l’eau, les puits et de détruire les maisons. Il ne permet pas non plus d’achever les blessés ou de poursuivre les fuyards. Car, la guerre étant comme une opération chirurgicale, il convient de ne traiter que les parties touchées par le mal.

À ce titre, Sulaymân Ibn Abî Burayda rapporte d’après son père : « Lorsque l’Envoyé de Dieu désignait un émir à la tête d’un corps d’armée ou d’un corps expéditionnaire, il l’exhortait de se prémunir de Dieu et de faire le bien aux musulmans qu’il emmenait. Puis il disait : »Combattez, mais ne prélevez pas une part du butin, ne violez pas un pacte, ne mutilez pas les corps des ennemis, ne tuez pas les enfants. »

Ibn’Omar a rapporte que le Messager de Dieu a vu au cours de l’une de ses expéditions une femme tuée; il désapprouva cela et interdit par la suite de mettre à mort les femmes et les enfants.

Donc, il est clair que la tradition islamique respecte la vie quelle qu’elle soit, même en temps de guerre. Si l’Islam a défini une législation relative à la guerre, ce n’est nullement parce qu’elle n’est pas une « religion d’amour » comme le prétendent les polémistes de tout bord, mais bien au contraire! Une religion qui interdit de tuer les femmes, les enfants, les vieillards, les moines, les animaux et qui interdit de plus de saccager la faune, la flore ainsi que les habitations en temps de guerre, ne peut être qu’une religion prônant la paix et l’amour du prochain tout en étant réaliste; la guerre est quelques fois un mal nécessaire. Il serait vraiment absurde de considérer les résistants, ou ceux qui mènent une guerre pour défendre leur patrie, de violents pour la simple et bonne raison qu’ils ne veulent pas vivre sous occupation ennemie. Dans cet exemple précis, il est évident que la guerre devient un mal nécessaire et que ne pas la faire est une injustice, une complicité, et un manque d’amour évident pour la justice et la paix.

L’arrêt des combats :

L’islam défini l’arrêt des combats par l’une des clauses suivantes : 1. La conversion de tout ou une partie de l’ennemi à l’Islam, auquel cas ils deviennent musulmans, acquièrent les mêmes droits et sont soumis aux mêmes devoirs qu’eux. 2. La suspension des hostilités pour une durée déterminée. Dans ce cas, il faut obligatoirement acquiescer à la demande de l’ennemi, comme l’a fait l’Envoyé de Dieu lors du pacte de Hudaybiyya. 3. Si l’ennemi désire garder sa religion tout en acceptant de payer un tribut, un traité de reddition doit être conclu entre les belligérants. 4. Si les musulmans remportent la guerre, l’ennemi est vaincu et fait prisonnier. 5. dans le cas où des combattants ennemis demandent la sécurité, on devra la leur accorder. Même chose s’ils demandent à pénétrer en terre d’Islam.

Ensuite, est signé un acte de trêve. Il s’agit de l’arrêt provisoire des combats par convention entre les différents protagonistes. Cet arrêt peut être suivi d’une paix ou non. Il y a lieu à une trêve dans les cas suivants :

1. Quand l’ennemi la réclame. Dans ce cas, il faut acquiescer à sa demande, même s’il s’agit d’une ruse de sa part, tout en se tenant sur ses gardes. Dieu dit : « S’ils penchent pour la paix, penches-y toi-même, sans cesser de faire confiance à Dieu, qui est l’Entendant, le Connaissant. S’ils voulaient te duper, que Dieu te suffise et de qui te suit parmi les croyants. » Al-Anfal (8:61-62)

Nous savons que l’Envoyé de Dieu conclut, avec les idolâtres Qurayshites, lors de l’expédition de Hudaybiyya, une trêve de dix ans, afin que le sang cesse de couler et établir la paix.

2. Lors des mois sacrés de dhu-l-Qi’da, de dhu-l-Hijja, de Muharram et de Rajab au cours desquels il n’est pas permis d’entamer d’hostilités, à moins que l’ennemi ne les commence lui-même, auquel cas les musulmans sont tenus de se défendre et de le repousser. Il est également permis de combattre quand le début des hostilités précède ces mois, empiète sur eux et que l’ennemi ne donne aucune suite à une demande de trêve.

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